Il y a du laissé aller, je délaisse mon blog! Du coup, pas un texte mais deux pour rattraper mon retard... quant aux nouvelles du reste, elles viendront plus tard.

La part des anges

Il y avait comme une partie de moi qui ne voulait pas partir. Une partie de moi passée qui ne voulait pas se détacher, qui ne le voudrait jamais. Une partie de moi qui souffrait encore de ne pas être autre, de ne pas être tout. Ce qui restait d'elle se débattait pour rester à l'intérieur, cognait dans ma tête à grands cri de terreur. J'ai bien tenté de la retenir mais plus le monde m'apparaissait, plus elle m'échappait. Découverte la frustration et vécue la perte, elle fut comme frappée en plein visage par l'horreur. Dépassée par cette réalité : elle s'est envolée, évaporée... A présent, où se trouve le lien entre elle et moi ? Elle a disparu et il m'arrive encore de la pleurer, d'espérer son retour et de m'accroupir pour retrouver le monde tel qu'il était, avant. A genou, en voyant le monde grand, peut-être qu'on pourrait redevenir enfant ?


L'ours bipolaire

Plus grand qu'il ne paraît, il est trapu. Ses muscles puissants et leur épaisse couverture de graisse font de lui une force de la nature. Adapté à son environnement, il supporte les températures négatives les plus extrêmes. Durant l'hiver, qu'il passe invariablement dans sa toundra natale, il est possible de l'apercevoir se traîner dans une infinie lenteur. Ce n'est pas qu'il peine à avancer mais plutôt qu'il sait que dormir debout lui permettra de survivre jusqu'à l'arrivée du printemps. Sa vie de solitaire, à l'écart de toute civilisation, et ses nuits, avec pour seul abri les parois de sa caverne, lui conviennent ; pour rien au monde il n'en changerait.

Une soirée arrosée de lapin grillée au coin du feu suffit à titiller son euphorie. Tel un enfant excité, sautant d'un pied à l'autre, il s'exécute à la danse du guerrier victorieux. Ses pensées fusent, il est haut dans le ciel, il vole, dans une harmonie surfaite. Mais cette joie de vivre s'éteint trop souvent avec la nuit. Quand vient le matin, et que lui parviennent les bourdonnements des villes lointaines, il se souvient. L'appel de la civilisation, à l'instar de l'hiver, le ralentisse dans le moindre de ses gestes. Il en délaisse le lapin grillé, nauséeux, et se cloître dans une humeur de mort. Bientôt, la chasse à l'ours reprendra et il se cachera.

Les gens du village l'appelle l'ours bipolaire, à tord qu'il vous dirait. Il est communément admis qu'il s'agit de l'un des derniers de son espèce parce que – qu'on se le dise – une vie d'oisiveté ne mène à rien. Qu'elle place reste-t-il dans ce monde pour ceux qui marchent à côté, qui se refusent à prendre le train du progrès ? Les agents du pouvoir, les garants de la morale, font bien leur travail. Ils traquent sans relâche les égarés, ceux qui vivent de travers.

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