Accepter ou refuser?

Aujourd'hhttp://pittlauraaupaysdesmillevolcans.cowblog.fr/images/echarpepetitprince-copie-1.jpgui, alors que je discutais avec deux personnes accueillies, une troisième personne (C.) est venue me trouver. Il s'agit d'un habitué de l'accueil de jour, très sympathique et un rien taquin. Il y a quelques jours, en passant à côté de moi, il m'a attrapée pour un petit pas de danse. Rien de bien méchant mais il m'a également à deux ou trois reprises demandé "quand est-ce qu'on ira se boire un café?". Cette personne donc, pendant que je discutais, est venue m'apporter une écharpe, la sienne. J'avais froid dans la matinée et il souhaitait me l'offrir pour que ce ne soit plus le cas. J'ai décliné gentiment et évoquant le fait que c'est lui qui aurait froid du coup mais il m'a montré celle qu'il avait au cou en insistant pour que je la prenne. Je l'ai prise et m'en suis retournée à ma conversation. Plus tard, une fois sortie de la discussion j'étais mal à l'aise. Accepter l'écharpe sans méta-communiquer autour de ce cadeau pourrait entretenir une certaine ambiguïté. Décidée à aller parler à C., j'en ai discuté avec mes collègues parce que dire non, refuser, rompre quelque chose dans le lien, ce n'est pas inné chez moi. Et finalement, j'ai été le voir. Je n'avais sans doute pas l'air bien assurée mais j'ai été honnête et franche. Je lui ai expliqué qu'accepter ce cadeau personnel (en soulignant le côté personnel) me mettait mal à l'aise parce que, d'une part, il créait une ambiguïté et que, d'une autre, à l'accueil de jour je me devais de garder une certaine distance dite "professionnelle" et que je n'étais pas encore certaine, pas encore décidée, de ce que serait ma distance ainsi que mes limites personnelles professionnelles. J'ai également insisté sur le fait que ce n'était absolument pas contre lui ni contre son geste (qui soit dit en passant me touchait) mais vraiment dans le soucis de trouver comment je me positionnais dans la relation en tant qu'être humain et travailleuse sociale à la fois. Je pense qu'il l'a compris. Il avait l'air un peu tristounet et a gardé une certaine distance pendant un moment après cette discussion mais j'ai tout de même eu droit à quelques sourires par la suite.

Je déteste avoir à dire ce genre de choses. En essayant de me projeter, de me mettre à sa place, j'imagine être renvoyée à certaines différences. Ces différences justement que le collectif et ses travailleurs sociaux tentent de ne pas mettre en exergue, voire même de gommer. Ce n'est pas moi de dire à l'autre "je ne peux pas accepter ton cadeau parce que je suis de l'autre côté du comptoir". Il va me falloir trouver, au plus vite, une manière qui me permette de gérer ce genre de situation en me sentant à l'aise.

Malheureusement, c'est après lui avoir parlé que j'ai discuté avec S. qui, de part sa manière à elle de gérer ce genre de situation, m'a fait comprendre qu'il était possible d'accepter un cadeau - et ainsi de reconnaître l'importance que ça représente pour l'autre (don contre don) - tout en replaçant le contexte dans lequel on l'accepte, en recadrant le contexte relationnel.

J'en ai déjà fait du chemin socialement parlant (moi avec et face aux autres) mais il y a encore pas mal de level up à faire!

Amis psychologues sociaux, médiateurs en formation, écrivains accomplis, amis tout court, parents, fratrie si vous me lisez... comment auriez-vous géré cela?

(A T.: non, c'est pas un "lachez vos com's" déguisé! Hu)